Aller mieux ,
grâce à la psychologie positive

Le Figaro - lundi 6 juin 2011

Propos recueillis par Pascale Senk

Figaro - lundi 6 juin 2011
Le plaisir passe nécessairement par le corps, lorsqu’on se donne le temps de le savourer
ÉVELYNE BISSONE JEUFROY, COACH

MIEUX-ÊTRE

Petit exercice : dressez la liste de trente activités qui vous comblent, vous font du bien, réjouissent votre esprit… Oui, trente. Pas une de moins. Difficile, n’est-ce pas ? De « se faire masser » à « me plonger dans un sudoku », en passant par « lire de la poésie médiévale », il faudra faire preuve d’imagination pour en citer autant. Pire : s’engager, en puisant dans cette liste, à accomplir quotidiennement au minimum quatre de ces plaisirs personnels, que l’on décrira concrètement, notamment en se demandant « quand ? », «où ?» et « avec qui ? » les réaliser.

Telle est l’ordonnance très sérieuse que prescrit Évelyne Bissone Jeufroy, coach, à ses clients, personnes en période de transition professionnelle ou amoureuse, malades se relevant de lourds traitements, mères de famille débordées ou cadres stressés ne trouvant plus guère de sens à leur hyperactivité. « Pour porter ses fruits, c’està- dire aider le postulant à changer et connaître un réel mieux-être, cette méthode est à suivre pendant une à deux années, jusqu’à devenir une habitude », explique la coach dans son livre Quatre plaisirs par jour, au minimum ! (Éd. Payot).

Son postulat s’inscrit dans un mouvement actuel plus large, celui de la psychologie positive, qui décrit scientifiquement, à coups d’études menées à Stanford ou Harvard, comme celles du professeur Tal Ben-Shahar, les pouvoirs de ces « accélérateurs de bonheur » sur notre système immunitaire, notre créativité ou notre adaptation aux inévitables épreuves de la vie.

Figaro - lundi 6 juin 2011

Ces exigences de performance irréalistes et toujours plus élevées qui engendrent, du directeur général à l’infirmière ou au serveur, une pression abusive ont suscité chez moi un sentiment d’écoeurement. J’ai compatis pour certaines personnes, que l’auteur décrit avec tant de sensibilité et de finesse. C’est comme si cela venait en écho de tout ce que j’entends chaque jour dans l’exercice de ma profession.

Obstacles à la dégustation

Étrange époque, donc, où, après avoir connu des siècles de restriction des plaisirs, puis leur libération tous azimuts (lire ci-dessous), nous en arrivons à passer un contrat avec nous-mêmes pour leur donner une juste place dans nos vies. «Nous vivons une situation paradoxale, confirme Fanny Marteau, psychologue clinicienne et consultante en cabinet de gestion du stress : les activités de loisirs se multiplient, les offres de divertissement abondent, mais la plupart des gens que nous rencontrons se plaignent de ne plus savoir prendre de plaisir. »

Les obstacles les plus fréquents à la dégustation de moments agréables, les psychologues les connaissent bien : ce sont tous les « stresseurs », comme la rapidité ou le fait d’accomplir plusieurs tâches à la fois, qui coupent l’hyperactif de son ressenti profond ; ce sont aussi tous les « Il faut » du perfectionniste, qui met la barre si haut dans tout ce qu’il entreprend que jamais rien ne l’autorise à atteindre la satisfaction ; aussi toxique, l’habitude du « sauveteur » de faire passer les autres avant soi et qui considérera comme « égoïstes » les cinq minutes passées à lézarder au soleil. Pour contrer ces entraves au plaisir, une voie se révèle particulièrement efficace, selon Évelyne Bissone Jeufroy : solliciter les sens. « Le plaisir passe nécessairement par le corps, lorsqu’on se donne le temps de le savourer», rappelle-t-elle.

Pensées déterminantes

Mais on a découvert aussi que pour goûter des plaisirs qui ne soient pas simplement une fuite du réel ou une recherche de sensations fortes, la manière dont nous pensons est déterminante. «La satisfaction des besoins primaires – se nourrir, avoir un toit – ou secondaires – avoir des relations amicales – ne suffit pas pour nous donner accès au bien-être, poursuit Fanny Marteau. Au niveau psychologique, une estime de soi suffisante et des cognitions qui nous autorisent à croire au bonheur s’avèrent aussi nécessaires. »

Ainsi, ce n’est pas seulement l’activité à laquelle nous nous livrons qui est déterminante, mais les pensées engagées dans notre esprit tandis que nous la pratiquons. Exemple : en pleine séance de jogging dans la nature, on peut être obsédé par les sujets évoqués lors d’une dernière réunion de travail, ce qui empêchera évidemment de profiter des bienfaits de ce moment.

À l’inverse, si, au moment où nous nous livrons à une activité plaisante, nous en avons pleinement conscience, la satisfaction que nous en retirons décuplera. «Le plaisir étant une émotion, il est déclenché par nos cognitions, rappelle Fanny Marteau. On peut donc en contrôler l’intensité et l’expression grâce à ce que nous pensons. Lors d’une promenade en bateau avec nos enfants, si nous pouvons prendre conscience de la beauté de la mer, du souffle léger du vent sur nos têtes et nous dire : “être avec eux dans cet endroit si beau est une grâce”, notre plaisir sera multiplié par dix. »

Enfin, pas de meilleur accélérateur de plaisir que de s’autoriser aussi, lorsqu’elles arrivent, à éprouver pleinement ses émotions négatives. Cette alternance, en empêchant la rigidité mentale, donne accès au caractère précieux des bons moments de la vie. À ne laisser passer sous aucun prétexte.


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